OLLIVIER POURRIOL OU LA PHILOSOPHIE FACE A LA TELEVISION…

Par
Yasmina Jaafar
16 avril 2013

Le livre On/Off d’Ollivier Pourriol est sorti hier, lundi 15 avril. Le philosophe y raconte son expérience douloureuse de chroniqueur sur le plateau de l’émission phare de Canal Plus, le Grand Journal. Une expérience en demi-teinte, c’est le moins qu’on puisse dire… Avec un ton désopilant et incisif, Ollivier utilise la forme dialoguée pour se rapprocher un plus du théâtre et s’éloigner de la  rancœur et de l’amertume. Procédé réussi puisque le lecteur a le sentiment d’assister à une pièce. Le recul permet le rire, les exemples donnés permettent l’étonnement… Le philosophe ne ménage pas ses anciens patrons, ne craignant nullement la polémique. Renaud le Van Kim, le producteur de ce talk show infotainment a réagi sur le site du Point, indiquant qu’il "ne reconnaissait pas son entreprise".

La description du programme paillette de la chaîne cryptée pourrait donner la chair de poule à tout ceux qui ne travaillent pas à la télévision. Le producteur explique qu’une émission légère, de surcroit en access ne peut supporter le temps long : La Grande Libraire présentée par François Busnel sur France 5, elle, s’inscrit dans une autre mécanique. Les auteurs prennent le temps de défendre leur œuvre. Le concept même est le temps pris pour parler des mots.

Mais la naïveté d’Ollivier Pourriol semble curieuse. Pourtant habitué aux médias puisqu’il officie aussi dans Le Cercle (l’émission critique de Frédéric Beigbeder) il exprime dans ce livre/confession un supplice hors norme vécu comme une punition violente « J'avais besoin de me réparer tant l’expérience a été violente. C'était de l’ordre de la souffrance physique. Dans cette grande machine à laver le cerveau qu’est Le grand journal, je me suis retrouvé dispersé, psychiquement atomisé, désintégré. Quand vous arrivez sur le plateau, c'est comme dans le film Gladiator : vous êtes projeté dans une arène, avec la scène qui s’ouvre, les lumières qui vous aveuglent, les cris de la foule… »

Quant à sa réponse concernant l’invitation de Renaud le Van Kim de venir sur le plateau du Grand Journal cette semaine pour s’expliquer les yeux dans les yeux (pour reprendre une formule désormais célèbre...), Pourriol répond sans encombre : « Bien sûr que non. Ce serait nier tout ce que j’ai fait. Le pire piège, ce serait de rire ensemble de toute cette comédie. Pour rire ensemble, il faut avoir confiance ». (Source : telerama.fr)

Ça c’est dit !

livre pourriol

Des salaires et des méthodes indécentes…

10 000 euros par mois ! Une fortune pour, encore une fois, tous ceux étrangers à univers. Les sommes ne ressemblent plus à grand chose dès lors que les projo s’allument. Ollivier Pourriol emploie des mots empreints de franchise sur le plateau de Médias, le Magazine dimanche 4 avril, "Payé à rien foutre, je suis resté pour l’argent". Il a tenu un temps, mais combien de temps peut-on tenir si la honte s’immisce ?...

Combien de temps tenir quand les méthodes rebutent ? Applaudir sur les applaudissements  pour éviter d’être coupé au montage. Lire la première, la dernière page et la page 100 d’un roman pour paraître averti. Être recruté sur un coup de tête, simplement après un seul passage en plateau en tant qu’invité, sans casting, sur une promesse non-tenue (d’une chronique bien à lui, la production lui ordonnera finalement de tenter de prendre la parole quand il peut…). Etre obstrué par les ordres de l’oreillette sans forme et sans politesse, des grandes phrases à la machine à café où certains lui dictent ce qu’il doit dire, celui qu’il doit accepter d’être…

Bref, un portait très peu flatteur de cette émission en effet légère où LE tout Paris et LE tout Monde se croise. Le programme qui a même reçu Nabila, connaît un passage à vide côté audience avec une perte d’un point cette saison. La première partie est descendue à 7,2 % de part d'audience et la troisième a reculé jusqu'à 4,9 % de part d'audience en janvier contre 5,7 % en septembre.

Les raisons restent floues, est-ce la "cannibalisation" de Cyril Hanouna et son festif TPMP ou une réelle lassitude et usure du programme ? Quoi qu’il en soit, toutes les grandes chaînes connaissent des access en baisse.

On/Off ne vient pas adoucir le tableau de la grande famille de la télévision et le slogan de la chaîne de Rodolphe Belmer "l’esprit Canal" se voit quelque peu ébranlé…

Photo : Lionel Bonaventure/AFP

YJ

 

 

 

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Et puisque la liberté n’est possible que s’il y a accès à l’instruction, il faut du temps, des instants et de la nuance pour accéder à ce savoir.
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