Les français entendent parler de Netflix depuis 2 ans de façon persistante. Ça n'est que le début puisque la plateforme de téléchargement légal arrive en France à la rentrée. Mais d'abord, un petit retour sur l'histoire dingue de son fondateur : Reed Hastings. Cet homme de 54 ans, élevé par un père avocat proche de l'administration Nixon, est un homme d'affaires qui n'a pas accepté de payer une pénalité de 40 dollars à son vidéo club alors qu'il venait rendre le DVD d'Apollo 13.
Fâché, il décide donc de créer sa petite entreprise. Elle permettra de louer des DVD par la poste. Très vite, il s'aperçoit qu'il serait dommage de ne pas développer cette offre. En 91, il récupère 75 millions de dollars en se faisant racheter Pure Software, sa première société et il fonde Netflix en 1997.
Ça n'est qu'en 2007, que la boîte connaît un essor significatif en introduisant un abonnement mensuel de 7.99 dollars. Les amoureux de séries et films se mettent à la VOD et abandonnent doucement certaines habitudes comme de se rendre à son vidéo club de quartier pour louer son petit film.
Internet continue, en la matière, de casser les frontières et propose de nouvelles méthodes de consommation : 13 millions de français ont déjà utilisé la VOD au moins une fois et ce chiffre est à multiplier par 20 en 9 ans. Première victime : les vidéo clubs se font de plus en plus rares. La capitale, par exemple, n'en compte qu'une dizaine.
La révolution du téléchargement légal est en marche.
Avec un abonnement allant de 6 à 8 euros par mois, Netflix promet d'être à la pointe de toutes les demandes et autres addictions des "sériemaniacs" en folie. Les films, documentaires ou séries sont accessibles sur tous les supports. Cette facilité finira d'achever les plus récalcitrants : personne ne pourra résister à cette nouveauté qui jette aux oubliettes toutes nos anciennes façons.
Les succès comme Breaking bad ou Dr House mais aussi et surtout des inédits comme House of Cards, LE carton planétaire PLUS un catalogue infini de films récents seront dans notre salon pour une poignée d'euros. Même si la France se prémunie comme elle peut contre cette invasion en s'abritant derrière une loi qui oblige les équipes de Reed Hastings à attendre 36 mois avant de balancer les films sur leur miraculeuse plateforme, les salles devraient être les prochaines à sentir leur fréquentation baisser.
Les chaînes productrices de séries sont aussi concernées. Parce que le budget de House of Cards est de 100 millions de dollars, Netflix devient l'autre concurrent sérieux des grands networks américains et mondiaux.
Installé au Luxembourg (adresse rigoureusement choisie...), Netflix devra, tout de même, s'entendre avec les différents fournisseurs d'accès français pour obtenir droit de citer dans les box TV. Ensuite 15 millions de foyers s'en donneront à cœur joie au détriment, sans doute, de... Canal plus.
Les compatriotes de Mister Obama sont déjà 36 millions à s'être abonnés à cette société qui compte 2000 salariés et engrange 4.4 milliards de dollars avec un résultat net de 22 milliards de dollars en 2013.
Ce ne sont pas ses 840 millions de fortune personnelle qui arrêteront Reed Hastings. Celui qui gardera un souvenir indélébile d'Apollo 13, est aussi membre du conseil d'administration de Facebook. Il a dit en 2011 : "Les entreprises meurent rarement pour avoir bougé trop rapidement, mais elles meurent souvent pour avoir réagi trop lentement".
Je pose la question... et s'il avait dû rendre le DVD à l'heure...?
Yasmina Jaafar