L’idée m’est venue en 2007 dans un essai que j’ai écrit sur « la fiction Française ». Un des chapitres était consacré aux scénarios et j’y faisais une petite démonstration sur ma conception d’une écriture qui a du sens. Le principe était simple : prendre une question dans les anales du Bac Philo et la confronter à un sujet sociétal même banal. Exemple : la fin justifie t’elle les moyens ? et le divorce à 40 ans. Là j’ai écrit d’un trait trois pitches dont celui de papa ou maman. Par la suite ma femme qui me connait par cœur m’a demandé si je n’avais pas refilé des idées de scénar dans mon bouquin et m’a fortement incité à les développer puis surtout les protéger. En 2009, j’ai ainsi produit un scénario complet, dialogué sous le titre « Les hommes et les enfants d’abord » et du jour au lendemain je me suis retrouvé avec six propositions d’achat.
Le film de Martin m’a beaucoup fait rigoler. J’adore Marina et Laurent, je suis fan d’eux et j’ai été comblé. La complicité de 15 ou 20 ans de mariage a été restituée totalement comme dans le livre et ça c’est à Martin Bourboulon que je le dois. Le scénario du film a beaucoup évolué durant cinq ans au gré des castings notamment. De plus la volonté des producteurs était de réunir un public familial très large ce qui était moins facile avec ma version semble t-il. Par la suite les rôles ont été rajeunis et l’histoire s’est focalisée sur la bataille entre parents dont les enfants sont les victimes collatérales. Dans le livre Florence vit un vrai burn out familial et l’ingratitude de ses proches est bien réelle : chaque protagoniste a sa part de responsabilité. Le livre met en évidence le fait que l’éducation est de loin la raison majeure des ruptures et quoiqu’on en dise les enfants sont loin d’être innocents ! Le livre permettra j’espère à certains parents de reprendre la main subtilement et en douceur lorsque leurs gamins abusent. Résultat des courses, je suis heureux car on peut se marrer en voyant le film et rire en lisant le bouquin, dans l’ordre qu’on le souhaite. Ces deux œuvres sont complémentaires et c’est assez unique pour le signaler.
Oui bien sûr ! Je suis venu deux jours durant lesquels ils tournaient la scène d’anniversaire. Ça m’intéressait de voir travailler Martin ainsi que de retrouver certains copains techniciens, dont sa première assistante Carole Amen avec qui j’ai plusieurs fois travaillé. Martin m’a fait penser à Edouard Molinaro (pour qui j’ai travaillé sur “Beaumarchais, l’insolent”) dans sa manière d’être sur le plateau. Il est très calme et flegmatique face aux difficultés. J’ai aussi beaucoup apprécié Marina et sa bienveillance envers lui. Ce n’est jamais évident de faire confiance à un réalisateur qui fait son premier long métrage, le risque est grand surtout en comédie : elle était là, comme une grande sœur. Belle personne ! Puis je me suis éclipsé car en tant que réalisateur je sais que c’est toujours un peu chiant les touristes qui traînent entre le combo et la table régie.
Oui, mon livre est profondément féministe. J’ai deux filles de dix sept ans et je n’ai aucune envie qu’elles souffrent en tant qu’épouse, en tant que mère et encore moins en tant qu’employée. Leur place dans la société est entière et je compte bien qu’elle la prenne. Me moquer de la phallocratie que je trouve ridicule a été pour moi jubilatoire et à mon sens sera utile aux jeunes filles qui débutent dans la vie active. Concernant la répartition des rôles dans la famille face aux carrières de chacun, je ne me permettrais aucunement de faire la morale à qui que ce soit mais je sais juste que tout est possible lorsque l’on reste complice de son conjoint.
Vous oubliez "La crise de Coline Serraut" et la fameuse scène de Maria Pacôme ! Evidemment ! L’humour nécessite de prendre du recul, de poser un regard différent sur la vie et de dédramatiser. La comédie nous permet d’aimer nos défauts, nos différences, nos emmerdes ! Quoi de plus gratifiant alors qu’un rire qu’on provoque ? Et puis c’est dans ma nature, c’est viscéral, j’ai l’esprit mal tourné y compris me concernant !
Un téléfilm que j’écris pour Cécile Bois et Jean-Pierre Michaël. J’aimerais aussi rééditer mon premier roman Fallax. Pour le reste c’est prématuré d’en parler.
Yasmina Jaafar