C'est un livre co-écrit avec Pierre Jourde et chacun possède ses propres têtes de turcs. Nous n'écrivons pas à 4 mains. Chacun s'occupe de la moitié des auteurs diront les uns ou des victimes diront les autres. Ce qui m'intéresse beaucoup, c'est le décalage entre ce que je lis dans la critique à propos de leur livre et les impressions que je retire de leur lecture directe et quand l'écart est suffisamment grand, je trouve que ça mérite qu'on s'y intéresse. Puis il y a un autre critère plus général qui sont les cas d'impostures manifestes comme Christine Angot ou BHL. Là, on est dans une imposture pas tellement discutable à mon avis donc ils sont qualifiés d'office. Ça peut être aussi un coup de sang... C'est donc soit très réfléchi soit très instinctif.
Ça mérite d'être actualisé. Les deux dernières éditions ont été archi épuisées. Cet ouvrage marche et sur les salons, on me disait "Alors quand parait la suite du Jourde et Naulleau ?" Donc que ça deviennent un classique, je l'espère, avec tous les guillemets d'usage. C'est un projet évolutif. Certains disparaissent, leur œuvre avec et d'autres arrivent.
Mais ça peut être une affaire personnelle, car comme ces gens-là se rencontrent dans les mêmes cocktails, je peux comprendre qu'ils s'énervent quand on maltraite leurs amis. Moi, j'ai le plus grand respect pour l'amitié, mais ici, je parle de littérature, pas d'amitié. Ensuite, c'est un livre drôle, ludique même si c'est fait sérieusement. Le travail est basé sur la lecture intégrale des œuvres ce qui peut parfois être éprouvant (rire). Plus sérieusement, je ne vois pas pourquoi la critique relèverait d'une forme de frustration. Jourde est un immense romancier. Dans son cas, l'argument tombe de lui même, il suffit de lire ses livres. Quant à moi, je n'ai pas vraiment besoin de ça pour exister. Je me sens très bien dans ma peau. Simplement, on aime bien rire et on espère que ça donne des objets critiques intéressants. Voilà ce que j'ai à répondre. Pour vous donner un exemple, un journalise de L'OBS disait que nous inventions des citations alors que non. Ce monsieur n'a pas compris que les citations sont exactes.
Bien, il est étonné en tout cas. Il pense que les auteurs que nous critiquons n'ont pas pu écrire des trucs pareils. Ben si ! Cela a même été publié. Cela a été validé par des éditeurs et mis en vente libre. C'est tombé sous des yeux qui en sont peut-être restés révulsés. Mais, je précise encore que le livre est basé sur la transcription exacte des citations. Ce journaliste malheureusement n'a pas lu.
Il y a de la pratique pour prolonger la référence du manuel scolaire Lagarde et Michard. J'ai appris la littérature avec ces manuels. On a voulu un hommage à nos maîtres mais c'est aussi une manière de rigoler différemment puisque les exercices sont parodiques. Encore que ça dit quelque chose : on est sur la limite du sérieux et du pas sérieux, ce qui correspond très bien à la personnalité de Jourde et à la mienne. On est à la fois des vrais lecteurs mais aussi des garnements.
Dans l'histoire littéraire du XX ème siècle, l'importance de Sollers est tout de même plus importante que celle de Bégaudeau. Après, il est vrai que ça m'intéresse moins. Il est vrai que sa notice par sa petitesse est sanglante mais j'analyse tout de même son œuvre. C'est un cas tellement curieux, un touche à tout qui ne réussit pas grand chose. Quant à BHL, sa notice est la plus longue, certes. On voit que son activisme a eu des résultats. En Libye par exemple, c'est tragique ! Dans le cas de Bégaudeau, c'est moins grave mais la façon dont il parle de l'école à travers son film "Entre les murs", sa manière d'enseigner, le prof/copain... J'ai été prof et je ne copinais pas avec mes élèves. Je suis là pour leur transmettre quelque chose. Cette vision est terrible pour moi. Ça va beaucoup plus loin que la blague. Ça a des conséquences dans la vie réelle et c'est la catastrophe de l'école telle qu'elle se déroule devant nos yeux. J'ai une reconnaissance éternelle pour ces professeur qui m'ont tant apporté, Claude Leroy ou encore Alain Meyer. Et aujourd'hui, on nous dit que les élèves ont autant a donner que les profs... Ecoutez, il faut arrêter ces bêtises ! Donc tout ça me choque et comme ça me choquent les conséquences pratiques des délires de BHL. Il y a donc des aspects un peu sérieux dans ce livre, en effet.
La chaîne semble très satisfaite au point d'envisager mais la décision n'est pas prise que ce prime en direct devienne la règle chaque semaine. D'autant que dans un monde idéal, cela pourrait se combiner avec le passage en gratuit de Paris Première.
On a tendance à remettre toujours ouvrage sur le métier. Ça sera ma 6ème saison, j'ai débuté là comme chroniqueur donc je suis toujours un peu ému quand je vois le parcours. Ils réfléchissent à quelque chose que moi j'appelle de mes vœux : que les chroniqueurs puissent être face à face autour d'une table pour une meilleure fluidité, ouvrir la discussion et polémiquer plus aisément. Et peut-être faire intervenir un ou une humoriste pour un billet d'humeur. Mais les fondamentaux restent : invités mystères et liberté de ton. Dans l'ensemble la saison a été belle, la meilleure depuis 2011.
Que ce soit une femme ou pas, c'est l'éternel débat... La question d'une femme était je crois vivement souhaitée. Je suis partagé, ça m'ennuie un peu que des gens soient désignées quant à leur sexe, d'un autre côté si on ne l'impose pas... on n'avance pas. D'après ce que j'ai compris de la situation financière de FTV, une femme de chiffres ne sera pas de trop. Reste à savoir sur quels chiffres cette femme va agir. Elle est élue mais pour faire quoi ? Si c'est pour réduire les coups c'est bien mais ça ne suffit pas. Quid de la culture sur France 2 ?... Maintenant présidente ou président de FTV c'est une grosse migraine, donc rendez-vous dans 2 ans pour un premier bilan.
Je suis ravi pour Patrick Modiano. C'est une divine surprise en plus c'est tombé en plein discours sur le déclin français. Pour un pays à l'agonie, on a tout de même eu quelques Prix Nobel... en fait, j'en ai un peu marre du French bashing. Il y a une vitalité dans la littérature française, on a aussi vu à Cannes que le cinéma n'était pas complètement nul : c'est le seul cinéma qui ne s'est pas fait nettoyé par les américains.
On en est tous azimuts ! Le 15 octobre, il y a la réédition très augmentée de Parkeromane, le livre que j'ai écrit, le 22 novembre on sera à Cognac pour une sorte de grande répétition, le 23 novembre, on sera au Bouffe du Nord, puis j'ai co-produit un documentaire "Don't ask me question" déjà diffusé à l'étranger mais pas encore ici. Je vais tenter de la placer sur une chaîne française. Il vient de sortir un album "Mystery blue" et entame une tournée aux USA.
Oui, pour Ma Chaîne Etudiante, j'officie dans une mini-série réalisée par Florent Hessique. Ce ne sont pas mes débuts au cinéma, c'est pour le fun, un petit rôle où je joue un des clients un peu ronchon qui empreinte un VTC... Le tournage est prévu en juillet pour une diffusion en septembre.
Yasmina Jaafar