En effet, quelques années sont passées, presque cinq. J'ai voulu prendre mon temps parce que je savais qu'il recouvrait un travail particulier. Il y a un moment que je voulais faire un album traditionnel sans jamais trouver le moment.
Absolument ! C'est une première pour moi et aussi pour cette île. Les enregistrements se font surtout à Praya ou Santiago, la capitale. A Sâo Vicente, il y avait un studio seulement...
Terrible !!(rires). Il a fallu réaménager le lieu et tout apporter de Paris. Ca nous a permis de faire dans la simplicité et sans fioriture. Mais ça valait le coup car être sur mon île avait du sens.
Plus de 2 ans. Ce qui a pris du temps, c'est la recherche de musiciens, auteurs et compositeurs sur place. On a beaucoup voyager d'îles en îles. Je tenais à un son traditionnel. 20 titres ont découlé de ces recherches et j'en ai gardé 13.
Ce qui compte avant tout pour moi, c'est le rythme. Je voulais que chaque île soit représentée. Alors, c'est vrai qu'il y a toujours la morna qui réunit le tout. La coupe n'a pas été simple puisque chaque chanson est un souvenir et raconte une histoire cela dit... on ne pouvait pas tout prendre.
C'est un air profondément ancré chez le capverdien. Le spleen. Cette musique qui transpire la nostalgie. Il est fort parce qu'il y a eu beaucoup d'immigration et les capverdiens se séparaient de leur famille. Les hommes partaient à l'étranger travailler et les femmes gardaient les enfants. C'est de là que vient ce son mélancolique, presque d'arrachement. Les paroles sont souvent déchirantes... souvent d'un homme vis-à-vis de sa mère, non pas d'une femme. Ce lien unique et indéfectible même coupé par la mer.
Tout à fait. Il y a un symbole fort à y retourner. Je suis arrivée à l'âge de 8 ans en France. J'ai vécu toute ma vie ici et je ressentais cette sodade à travers mes parents. C'est eux qui m'ont transmis ce sentiment fort de la séparation. Je me demandais pourquoi moi, je ne vivais pas les choses comme eux, je les enviais et à la fois, j'étais ravie de ne pas sentir au fond de moi, cette nostalgie. Mais au final, elle était là, présente. Elle m'enrichit et j'en comprends aujourd'hui tout les bienfaits.
Oui. Il m'a fallu du temps pour concrétiser cette envie. Et maintenant "Quinta" existe exactement comme je l'imaginais et ce avec la complicité de Toy Viera, un artiste, très connu au cap vert, qui a beaucoup aidé à la mise en œuvre de ce projet.
Stromae pourquoi pas ! Je l'aime beaucoup. Il a toujours su parler du Cap Vert. La photo est la sans calcul, croyez-moi. Pour la petite histoire : je suis entrée chez ce barbier et il y avait la pochette de son album accrochée au mur car les jeunes viennent tous se faire la coupe de Stromae. C'était très amusant.
Yasmina Jaafar
Le clip de son nouveau titre "Nada e perfeito" :