Loin, très loin du cinéma Bollywoodien, La saison des femmes impose la réflexion. Fabriquer un film sur la condition des femmes en Inde est d'une immense complexité ! Mais c'est sans compter sur la persévérance de la réalisatrice Leena Yadav et de son mari qui a endossé le rôle de producteur pour l'occasion. Ce long métrage doit trouver sa place dans le secteur cinématographique indien mais aussi mondial. La censure est au coin de la rue évidemment mais impossible d'abandonner l'obligation de Dire et de Dénoncer.
Après la publicité et la télévision, Leena Yadav, s'attaque, pour son troisième long, aux habitudes tenaces. Les couleurs et la musique inondent l'écran et supposent une légèreté quasi onirique mais... Non ! La saison des femmes porte d'abord un sujet intense : quatre femmes bousculent leur destin pour avoir le droit à plus. Quatre femmes liées par la même douleur, celle d'accepter que la liberté ne fera pas partie de leur histoire : elles évoluent dans une société archaïque et bloquée.
Tannishtha Chatterjee (Rani), Radhika Apte, (Lajjo), Surveen Chawla (Bijli), Lehar Khan (Janaki) forment un quatuor d'exception et bouleversant. Une lutte contre la misogynie, une bataille féroce contre tout ce qui nous conditionne et nous astreint... femmes et hommes d'ailleurs. Rien ne sert d'être réducteur ou de céder à la facilité en hurlant que c'est une œuvre féministe. La saison des femmes met le doigt sur un rythme de vie et des coutumes lourdes et ancestrales qui paralysent aussi bien les hommes que les femmes. La pensée, le vouloir "Etre", l'émancipation ne sont pas que les lots des femmes puisque la réalisatrice montre bien la douleur d'hommes trop habitués à une position de Roi mal digérée. Une position qui consume... qui violente et qui rabougri une cité.
La rage et la crise vampirisent ces êtres ! Les hommes ont mal appris, les femmes se débattent. Une partie de l'Inde vacille.
Il faut voir La saison des femmes, parce que c'est aussi et surtout les saisons des Hommes !
En salles le 20 avril.
Yasmina Jaafar