Laurent Delahousse lance son sujet comme il lance un numéro d'"Un jour/Un destin"... Le ton doux, la voix basse, des phrases sans verbe, le journaliste méché nous invite à retrouver le Président au cœur de l’Élysée. Au terme de cet entretien, nous nous rendons compte que la forme l'a emporté sur le fond. "Nous n'avons pas appris grand chose et aucune annonce n'a été faite". Ce sont les principaux reproches que l'on peut lire ici et là dans la presse depuis ce matin.
Seulement, si le service public - qui cherche sans doute une forme de réconciliation avec "notre serviteur" - , souhaitait autre chose... il aurait été plus aisé de choisir un autre intervieweur. Impossible de demander à quelqu'un autre chose que ce qu'il peut nous donner.
L’exercice quant à lui était était intéressant. Une scénographie moderne et inédite. Pour la petite histoire, Laurent Delahousse avait proposé la même structure à François Hollande mais malgré la volonté de l'ancien Président, le rdv n'a pu être organisé. Emmanuel Macron, lui, a trouvé le temps de paraître plus dynamique. L'occasion était trop belle. Il se présentait hier pour dire et redire son action et imposer sa perspective.
E. Macron, le discret... a décidé de parler un peu plus aux journalistes et aux français. Le chef de l’État change donc de stratégie. A quelques heures de Noël, Macron veut expliquer le sens de sa politique et les français jugeront ensuite.
Didactique et pédagogue, le jeune de 39 ans promet de faire ce qu'il a dit. Il profite de sa remontée dans les sondages pour intervenir. Une posture en acier et un verbe de "patron", il rappelle qu'il est le chef. "Les ministres ne sont pas mes alliés mais ils sont des engagés" annonce celui qui tient à créer un lien avec le peuple. Il passe au-dessus des journalistes pour communiquer directement avec lui. Rappelons-nous du terme "Truchement"...
En visitant le hall d'entrée, l'escalier d'Honneur, le Bureau doré, le salon Vert ou encore la salle du Conseil des Ministres, Emmanuel Macron tente d'assumer ses fonctions en répondant à demi-mots à ses opposants si absents du débat public qu'ils n'ont pour cible que sa personne. Laurent Wauquiez en ligne de mire...
Les sujets de fond et d'actualités étaient eux aussi absents. Normal, ce n'était pas la fonction de cet exercice préparé, réfléchi et voulu ainsi tant par France 2 que par le Président. Mais les médias attendent et exigent ! Ils sont donc déçus et crient au scandale...
Le temps viendra où il devra répondre sur le fond, ce n'était pas ce temps là hier. Savoir ce que nous regardons - une opération séduction - et pourquoi nous les regardons peut être une piste... de réflexion plus que de polémique... non ?
Yasmina Jaafar