"Cette année, faisant une troisième L2, je n'avais pas de bourse, et même quand j'en avais, 450 euros par mois, est-ce suffisant pour vivre ?"…
Ces mots viennent d'une lettre publiée la semaine dernière par un jeune étudiant de 22 ans.
Vendredi, il s'est immolé devant le CROUS Lyon 2. "Luttons contre la montée du fascisme, qui ne fait que nous diviser, et du libéralisme, qui créé des inégalités. […] Mon dernier souhait, c'est aussi que mes camarades continuent de lutter pour en finir définitivement avec tout ça." Ajoute-il désespéré.
La direction de l'établissement dit ne pas être au courant des "difficultés du jeune homme" pourtant "très impliqué au sein des instances".
Un appel au rassemblement a eu lieu pour ce mardi devant le CROUS et Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, s'est rendue à Lyon pour rencontrer la présidente de l'université Nathalie Dompnier et ses équipes.
La précarité de ce jeune étudiant n'est pas un cas isolé. 20 % des étudiants vivent en dessous du seuil de pauvreté selon la mission visée par François Chérèque en 2017.
Selon l'Unef le coût de la vie étudiante a augmenté de 1.38% en 2018. Entre le logement (dépense principale : plus de 800 euros dans la capital) et le transport, c'est 45000 à 100 000 étudiants qui luttent chaque année dans notre pays. Un phénomène qui touche davantage les étudiants de classe populaire. 54,2% en 2015 selon un rapport de l'État ont dû se priver financièrement.Travailler en dehors des heures de cours devient une obligation pour 46% d'entre eux et 17% connaissent un impact négatif sur leurs études. Travailler ou étudier, il faut presque choisir…
La France reste malgré tout moins cher (200 euros par an pour une licence) que les États-Unis qui réclament pas moins de 45 000 euros par étudiant souhaitant entrer dans le cursus universitaire. En 2012, 695 652 étudiants obtenaient une aide au logement, soit 11,3 % du total des bénéficiaires. Quant aux bourses sur critères sociaux, 681 078 étudiants sur 2,5 millions recensés par l’Insee y avaient le droit en 2015.
Cela fait des années que leur situation s'aggrave. Le geste désespéré du jeune originaire de Saint-Étienne, pose le doigt sur une difficulté française. Brûlé à plus de 90%, il se trouve "entre la vie et la mort" à l’hôpital Édouard Herriot de Lyon ont annoncé les syndicats.
Une enquête est ouverte pour déterminer les raisons de son geste. Un dispositif de soutien psychologique a été mis en place ainsi qu'une cellule d'écoute pour les étudiants et le personnel du campus Porte des Alpes.