Entre les menaces de Disney de ne plus sortir ses films en salles, Netflix qui annonce la sortie de ses blockbuster partout sauf dans l'hexagone et les français qui désertent le grand écran, le cinéma connaît une des crises la plus importante de son histoire.
C'est pourquoi le 6 octobre dernier, à l'institut du Monde Arabe, les professionnels du secteur ont demandé aux services publics la tenue d'états généraux du cinéma.
Deux camps s'opposent : ceux qui souhaitent voir le cinéma se révolutionner pour devenir rentable face à ceux qui attendent une aide de l'État pour que l'exception culturelle française subsiste à l'instar de Jérôme Seydoux, grand producteur français du 7ème Art et de Nicole Garcia, l'actrice et réalisatrice, tous deux invités de la matinale de France Inter le 12 octobre dernier. En somme la loi du marché versus la vision des cinéphiles engagés. Mais, le milieu du cinéma doit-il se remettre en question ? Ou doit-il s'adapter aux évolutions de marchés ? La réponse est sans doute au centre.
Retour en arrière
La naissance des multiplexes dans les années 80 a changé notre rapport à ce divertissement. Devenu une consommation, le spectateur déambule dans ces complexes comme dans un centre commercial et les 15 sorties de films par semaine obligent à une frénésie ou… à un détachement. De plus, l'arrivée des multiples (sans doute trop) plateformes et la période sanitaire connue de 2020 à 2022 (certes plus stable mais loin d'être réglée) ont elles aussi participé à ce changement de paradigme. Le marketing et la technologie s'en sont mêlées et nos habitudes ont évolué. Le cinéma n'est plus vécu comme une sortie festive mais comme une "expérience client". L’entretien donné au Monde du jeudi 3 novembre par le producteur Seydoux dit tout sur ces mutations.
Les puristes tentent de sauver un secteur qui ne trouve plus preneur. Le désir de Cinéma est freiné par le manque de confort de certaines salles vétustes, par un prix trop élevé et mal expliqué, par une fabrication souvent peu qualitative proposée à un public renseigné et exigent. Il n'en reste pas moins que la création de films d'auteurs se fait aussi grâce aux succès des grosses machineries. Cela étant dit, ce n'est pas pour cela que les créateurs doivent cesser de raconter des histoires valables et d'offrir des récits ciselés, modernes à la réalisation soignée. Les succès mérité des films de Rebecca Zlotowski, Les enfants des autres ou L'innocent de Louis Garrel sont la preuve que le public a le nez fin.
Pour une autre qualité
La qualité est souvent récompensée. Sans cela, les salles obscures risquent de disparaître aux bénéfices d'OCS, NETFLIX, AMAZONE, GOOGLE et consorts… Ces endroits ne sont pas les ennemis du cinéma. Ils traduisent une évolution plébiscitée par le "consommateur". D'ailleurs la firme NETFLIX vient d'acquérir un temple égyptien à Los Angeles pour qu'y soient rendus des soirées de visionnage exceptionnelles. Le prix de la place sera probablement conséquent.
Gardons à l'esprit que voir un film dans une salle éteinte en communauté et en levant tous la tête vers la même direction sans souffrir d'aucune perturbation est une chance. C'est cela la véritable expérience spectateur.