"Peu mieux faire", "Passable", "Félicitations", "Redoublement conseillé", "Orientation technologique", "accepté en Générale"... Comment lutter avec courage contre le déterminisme social ? Grace à des professeurs têtus et obstinés répond Valentine Varéla. Son documentaire, La Générale, est une infiltration réussie. Il montre sans jugement, à froid, la salle des profs, les élèves, les hésitations d'orientation, les prises de risque, ces échanges qui engagent l'avenir d'un enfant. Tous ces professionnels de l'éducation vont s'employer à tirer ses "gosses" des difficultés. Sortie le 23 novembre au cinéma.

Qu'est-ce qui a motivé ce documentaire ?

La rencontre avec Christine professeur de SVT. Je faisais de la gym avec elle depuis des années et j’étais intriguée par ce qu‘elle nous racontait alors que nous levions les jambes, elle était obsédée par ses élèves, j’étais touchée par son engagement mais aussi intriguée par sa parole sans filtre. Et puis j’aime bien les gens qui s’attaquent aux causes désespérées. C’est un peu mon dada.

Les professionnels de l'éducation vous ont-ils surpris par leur abnégation ?

J’ai été avant tout surprise par leur obstination, leur patience, et leur passion pour l'enseignement, c’est une vraie vocation, j’en serais incapable.

Une professeure dénonce un système éducatif qui amenuise les exigences demandées aux élèves. Qu'en pensez-vous après un an d'enquête ?

Elle a raison totalement. Plus on est exigeant avec les élèves plus ils se sentent respectés. Mais une fois au lycée c’est déjà presque trop tard. Les profs font ce qu’ils peuvent. Le système éducatif doit changer, réduire drastiquement le nombre d’élèves dès la primaire afin d’accompagner les élèves. Comme dit Maureen les élèves passent de classe en classe car le flux est énorme, trop d’élèves qui savent à peine écrire une fois arrivés au lycée, c’est tout de même un immense problème!

L'école est-elle égalitaire ? Son histoire indique pourtant le contraire.

L’école est tout sauf égalitaire, la Carte Scolaire est une catastrophe, crée des ghettos, les bons avec les bons, les nuls avec les nuls, c’est terrible. Pourquoi voulez vous que ces jeunes qui arrivent dans un ghettos d’élèves nuls voudraient s’investir dans leurs études? Ces jeunes qui atterrissent au Lycée Émile Dubois, en plein Paris à coté des grands Lycée d’Élite, ces jeunes ont tous des trajectoires personnelles tragiques, avec des parents très absents, ils ont besoin d’être aidés d’avantage, accompagnés, respectés, cela nécessite de mettre des moyens supplémentaires.

La classe de seconde est censée être la plus compliquée. Êtes-vous de cet avis ?

La classe de seconde est une classe d’orientation, les jeunes ont l’impression que tout se joue, passer en générale est un passeport social, l’enjeu est énorme pour eux.

Quelles solutions pour lutter contre l'absentéisme selon vous ?

Sans doute réduire le nombre d’élèves dès la primaire permettrait que ces jeunes s’engagent dans leurs études, y trouvent un vrai plaisir et une valorisation, ils se sentiraient respectés

La mixité sociale, est-ce que ça marche ?

Oui, ça marche mais il faut l’imposer ! Y mettre plus de moyens.