C'est un vœu pieux généreux sincère mais qui a peur d'être à la hauteur de son exigence.
Non, je ne regrette pas l'époque dans laquelle j'ai vécu... Elle était pleine du rêve d'un monde plus ouvert, multiculturel et cosmopolite. Nous attendions l'arrivée de la gauche et sa promesse de fraternité, de solidarité. Nous avons pensé une république à venir cosmopolite et bienveillante, bon, ce ne fut pas le cas. Pas autant que nous l'aurions espéré.
Mon livre n'a pas d'adresse particulière mais j'aurai aimé qu'il soit lu par la jeunesse issue des quartiers pour lui dire qu'elle ne doit pas douter de sa francité et que c'est dans le regard de l'autre uniquement qu'elle existe pas.
Oui, les mots sont aussi une fuite car il est bon d'avoir des véhicules d'évasion qu'ils soient matériels ou imaginaires, nous avons besoin de croire en un monde de solidarité et de le rêver car celle ci n'est aussi présente qu'on le voudrait au quotidien. Mais écrire est aussi un moment de courage pour celui qui veut affronter les discriminations qui jonchent la vie des plus fragiles.
Non, je crains qu'il use d'une stratégie séparatiste sans le vouloir vraiment, il est juste poussé par l'obsession de vaincre et vaincre trop vite c'est aussi se renier, nier la complexité des choses et des êtres.
Ce n'est au fond pas tant l'arabité qu'on n'assume pas mais la pauvreté. En étant immigré et pauvre on est juste victime d'une double peine. On peut donc être arabe et pauvre et sublimer la lettre quand elle nous éclaire ou nous grandit.
La victoire de François Fillon illustre la peur grandissante chez beaucoup de français de voir le monde se chamarrer. La peur du mélange des êtres provoque un rabougrissement de l'âme alors qu'il n'est que la promesse de la modernité. Le monde de demain sera multiple et chaque être se définira par mille origines. N'est-ce pas là un espoir de paix. Les politiques n'expliquent pas assez l'avantage de nous envisager un jour sans races, sans couleur et sans unique origine. D'être de partout induira une tolérance sans nulle autre pareille .
Yasmina Jaafar