Je vous présente Henri Lœvenbruck, un écrivain – chanteur. Un artiste !
Il est auteur de plusieurs romans à succès, traduit dans plus de quinze pays, comme la trilogie La Moira (éditions La Bragelonne) ou encore, Le Syndrome de Copernic paru en 2007 aux éditions Flammarion.
L'Apothicaire (éditions Flammarion, 2011) est sa dernière parution.
La Ruche Média surveille cet auteur de près puisqu’il est a l’origine, avec son complice Fabrice Mazza, de Sérum. Une œuvre littéraire qui met à l’honneur les méthodes scénaristiques de la création de série TV.
L’auteur nous propose, ici, de suivre les péripéties d' Emily Scott.
Rencontre avec cet homme à l’imagination DUMASsiene et amoureux de toutes formes d’innovation.
Fabrice Mazza et moi-même avons deux passions communes : la littérature populaire, celle qui nous a tous deux initiés à la lecture quand nous étions ensemble sur les bancs du lycée, et les séries télévisées modernes... Depuis notre adolescence, nous avons toujours eu envie de travailler ensemble sur des créations originales. L’idée de faire ensemble un pont entre ces deux passions s’est vite imposée : après tout, les séries télés d’aujourd’hui sont les héritières directes de la littérature feuilletonante du XIXe siècle et du début du XXe, à une époque où le livre de poche n’existait pas encore et que, pour des raisons de prix, la littérature "grand public" se vendait par épisode, dans des revues… C’est ainsi qu’est né Sérum, un projet de roman-série, entre polar et thriller psychologique, avec au moins deux saisons de six épisodes chacune. La première saison a donc été publiée chez J’Ai Lu en 2012, et a rencontré un joli succès auprès de lecteurs « participatifs », puisqu’ils échangent avec nous sur la page Facebook par exemple. Enfin, nous avons aussi souvent fait de la musique ensemble. C’est donc tout naturellement que nous avons décidé de composer des morceaux qui sont offerts gratuitement au téléchargement et qui illustrent les romans, comme c’est indiqué au fil de la lecture de ceux-ci…
Bien sûr ! Nous aurions même aimé pouvoir sortir un livre par semaine, comme une véritable série télé, mais ce n’est évidemment pas possible, dans l’édition, les éditeurs n’ayant qu’un ou deux offices par mois, et les libraires étant déjà très surchargés par des sorties trop nombreuses. Un livre tous les deux mois, c’était déjà pas mal ! Il a fallu expliquer aux libraires cette idée un peu folle… Tout le monde dans l’édition nous a dit que c’était un pari impossible à remporter. J’Ai Lu sont les seuls à y avoir cru. Aujourd’hui, Sérum vient de dépasser les 50 000 exemplaires vendus. Certes, ce ne sont pas les chiffres de 50 nuances de gray, mais pour un projet auquel personne ne voulait croire, c’est un bon début…
Fabrice Mazza et moi sommes de grands fans de Breaking Bad et de Dexter, ou des trois premières saisons de Lost. Nous avons aussi apprécié des séries comme The Fringe, certaines saisons de 24H, bref, les nouveaux grands classiques américains. Pour ma part, j’ai un faible pour Sons of Anarchy, mais c’est le biker qui est en moi qui parle, sans doute…
Nous avons tous les deux découvert la lecture grâce à Stephen King et J.R.R. Tolkien. Ensuite, évidemment, le champ s’est élargi. Pour ma part, il y a quelques auteurs qui sont comme des maîtres, Dumas, Eco, Gary… Des raconteurs d’histoire, en somme. Mais l’influence commune que nous avons est principalement cinématographique. Fabrice et moi avons bouffé des films toute notre vie, et chaque fois qu’on se voit, on parle cinéma pendant des heures ! Nos initiateurs en la matière, ce furent Dario Argento, Brian de Palma, Oliver Stone… Moi, j’ai un faible pour Paul Thomas Anderson. Fabrice est un inconditionnel de Hitchcock. Ça se ressent d’ailleurs dans Sérum.
Ce n’est pas vraiment en ces termes que nous y avons pensé. C’était surtout un moyen de nous faire plaisir, car nous aimons tous les deux autant les mots que la musique, et les images. Sérum mélange les trois. D’ailleurs, notre rêve commun est d’écrire un jour une comédie musicale, qui rassemble toutes les formes d’expression auxquelles nous tenons. Et puis, nous sommes aussi tous deux assez technophiles. Alors l’idée d’associer les nouvelles technologies (les musiques de Sérum sont déclenchées par des flashcodes) nous a évidemment inspirés !
Comme tous les progrès, nous pensons qu’il doit être accompagné. C’est le sens de la vie. Nous devons tous nous adapter. Auteurs, éditeurs, libraires, lecteurs. C’est pour les libraires que c’est le plus dur, car une partie de la distribution des romans risque de leur échapper, à moins que l’on trouve des solutions. Malheureusement, les éditeurs français manquent souvent de réactivité sur ce domaine. J’espère qu’ils ne vont pas laisser la place à des acteurs américains bull-dozers… Mais le livre numérique permet des choses extraordinaires. La version numérique de Sérum, par exemple, a un lecteur vidéo et audio intégré ce qui permet de lancer les musiques automatiquement au fur et à mesure de la lecture ! C’est formidable ! Quand le livre de poche est apparu dans les années 40, certains libraires ont crié au scandale. Certains ont même refusé d’en vendre, dans un premier temps, et des "pochotèques" sont apparues dans les rues parisiennes, où l’on y vendait des livres qui ne "méritaient" pas d’entrer dans les librairies… Je pense que les libraires vont devoir s’adapter, et qu’il va falloir les aider, par la voie légale, sans doute. Mais c’est un long débat, auquel j’ai participé lors de la tournée des librairies indépendants que j’ai faite l’an dernier… en Harley Davidson !
C’est fort probable… Héhéhé… Mais en parler avant que cela ne se fasse porte malheur, paraît-il.
En juillet 2011, Henri Lœvenbruck a été nommé Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres. Et sera le 23 mars à 18h au Salon du Livre pour une dédicace de l’Apothicaire. Avis aux fans !
YJ