369 847 entrées en première semaine ça se fête ! Juste devancé par "Boule et Bill" puis "20 ans d’écart". On dirait que la comédie est à l’honneur au cinéma. Mais surtout la comédie made in Gaulle ! Alors que s’est-il passé ? Où sont les drôleries américaines type Ben Stiller… ?
Que de jeunes réalisateurs français prennent la main pour dépoussiérer un cinéma de papa type "Le dîner de con" et rivaliser avec des comédies from USA lourdes et usées comme 40 ans-Mode d'emploi de Judd Apatow en salle depuis le 13 mars, soit.
Mais, Jaoui & Bacri ont une certaine longévité tout de même… et ça marche.
Pour leur nouveau long métrage "Au bout du conte" et cinq ans après "Parlez-moi de la pluie" (qui ne marquera pas le cinéma français), le couple artistique renouvelle le genre en apportant une dimension humaine à leur travail. Exit le cynisme qui leur ait propre et les critiques acerbes d’une société de petits bourgeois en dehors de toutes réalités. Ici, les co-scénaristes préfèrent s’adoucir et nous abandonner à des dialogues ciselés.
Le film est servi par des acteurs de choix (Didier sandre, pour qui j’ai une tendresse particulière : il est à voir d’urgence dans l’adaptation TV de Proust "A la recherche du temps perdu" diffusée en 2011 sur France 2)
Bref… Le pitch en deux mots : Pierre (JPB) se rappelle qu’une voyante lui avait prédit la date de sa mort : le 14 mars 2013 ! C’est l’axe du film mais "Au bout du conte" est un film choral. Des histoires se bousculeront pour montrer les contradictions parfois ridicules qui émanent des contes de fées de notre enfance… Une réflexion presque métaphysique.
La musique, personnage à part entière et composée par Fernando Fiszbein, convie au concert. Le conte est ainsi magnifié par un son enveloppant et symphonique.
Devant cette histoire, on se sait plus si on doit opter pour le mouchoir ou l’éclat de rire : les deux s’imposent finalement ! Réaliser un conte sans que ça tombe à côté, sans dépenser des millions de dollars dans les effets spéciaux, sans paraître chiche ou kitch tient du miracle. Mais c’est sans compter sur l’expérience de conteur que possèdent les deux stars. Du coup, le tout tombe à pic. Même Benjamin Biolay est un grand méchant loup plus charmant que n’importe quel Prince à la C...
Vêtu de noir et le regard perçant, il ne fera pas de quartier de cette jeune fille Laura (Agathe Bonitzer) qui attend naïvement l’amour de sa vie. Angès Jaoui a déclaré : « J’avais une très grande envie de dire aux jeunes filles de ne pas attendre d’être révélées par un homme (…) Des archétypes féminins qui continuent de peser sur nos frêles épaules ».
Une façon intelligente d’imposer ses convictions. Le cinéma considéré comme un art mineur, permet pourtant, de faire évoluer les mentalités… parfois… tout doucement, comme ça, par le rire…
L’actrice avait déjà montré cette douceur dans le fabuleux premier film de Carine Tardieu "Du vent dans les mollets" sortie en automne 2012. Quant à JP Bacri, mon grincheux préféré, depuis "Cherchez Hortance", son jeu semble plus fin, plus subtile.
Moins de militantisme et plus de douceur. Un retour gagnant pour Agnès Jaoui et Jean Pierre Bacri.
Une qualité d’écriture qui demande qu’on y revienne.
YJ