Fanny Ardant est Caroline dans "Les beaux jours" de Marion Vernoux. Une adaptation du livre de Fanny Chesnel - Une jeune fille aux cheveux blancs (Albin Michel).
C'est agréable de retrouver une Fanny Ardant moins théâtrale, moins dramaturge et plus libre. Dans ce long métrage, elle campe le rôle d'une femme de 60 ans en perte de vitesse, touchée par l’arrêt récent de son métier de dentiste et endeuillée par la perte de sa meilleure amie. Ses filles réagissent et lui offrent un "pack découverte" en la flanquant dans "une maison de retraite" qui porte bien son nom "Les beaux jours". Le but, la revigorer par le biais d'activités diverses pour petits vieux à la dérive ! Et c'est ce qu'elle va faire confortablement installée dans les bras d'un jeune trentenaire un peu looser prénommé Julien, le prof d'informatique.
Une histoire d'amour va alors débuter. Elle sera simple, parsemée de phrases parfois lapidaires assénées par une actrice principale de 64 ans qui joue sans tabou la liberté et les sentiments. Marion Vernoux a voulu mettre l'accent sur l'âge et ses faiblesses, sur la vieillesse et ses petites contrariétés, le temps qui passe, une vie à la longue sans surprise, l'ennui... Mais aussi et surtout l'amour à 60 ans. Le stade "couguar" est largement dépassé et ça n'est pas le sujet. La réalisatrice, fille d'une directrice de casting et d'un décorateur de théâtre, filme les corps dans leur vérité : pas de jeux de lumière pour cacher une ride ici ou là.
C'est cette liberté là que l'on apprécie dans ce film qui pourrait, sans la présence incroyable de la grande Ardant, paraître insipide. L'actrice y met du sien et est encouragée par une tripotée de bons acteurs : Patrick Chesnais, Laurent Lafitte (de la Comédie Française) ou encore Jean-François Stévenin. Bémol : la scène de fin, insistante sur la volonté de montrer une vieillesse qui s'assume, est de trop...
Yasmina Jaafar