C’est vrai, cela peut sembler un peu ambitieux… Mais je n’étais pas prête à quitter mes héroïnes après les 350 premières pages de Ladies’ Taste ! Crystal et Eléonore font partie de mon quotidien depuis un moment maintenant et le jour où je mettrai un point final à leurs histoires sera nécessairement un peu douloureux.
J’ai toujours aimé aborder le thème de la sexualité, sous toutes ses déclinaisons. J’ai lu des livres terriblement excitants bien avant l’avènement de la new romance, du youngadult et du mommyporn. J’avais personnellement envie de faire parler deux femmes, différentes et complémentaires, et de fouiller leurs désirs, leur psychologie et leur quotidien.
Ayant un père vétérinaire, mon rapport aux animaux est assez particulier. Les chats m’ont toujours fascinée, j’ai grandi auprès d’eux. J’aime la phase de séduction avec cet animal, dont l’affection doit se mériter. J’aime aussi leur grâce, leur nonchalance élégante, leur ronronnement thérapeutique et leur espièglerie sans borne.
J’ai choisi l’univers de la mode car je voulais parler de désir, de création et d’ambition... Crystal dessine des chaussures et est déterminée à se faire connaître, à force de travail et d’audace. Le groupede luxe Modus, qui se fait le décor d’une bonne partie du roman, était l’opportunité de parler des guerres de bureau et du courage dans l’adversité. J’avais aussi envie de développer une relation intime et inattendue, dans le cadre de l’entreprise. C’est toujours risqué et donc… follement divertissant !
Oui. Je pense que cette liberté d’aimer un être avant un sexe et cette envie de s’affranchir des étiquettes sont un peu générationnelles. Ça fait du bien ! J’en ai assez des cases et des moules dans lesquels il faut soi-disant rentrer. Je crois qu’on peut tomber amoureux de n’importe qui, n’importe quand et n’importe comment. C’est ce que j’ai voulu raconter dans Ladies Taste…
Pour être très honnête, je n’ai pas lu le livre parce que je n’ai pas accroché avec le style d’écriture. Quant au film, sur lequel je me suis précipitée comme beaucoup de monde, j’ai été un peu déçue parce qu’à titre personnel, et ce n’est que mon avis, j’aime tout ce qui est assumé et jusqu’au-boutiste. Pour moi, FiftyShades of Grey est relativement aseptisé, trop édulcoré et je ne suis pas fan des stéréotypes qu’il véhicule. Cela étant dit, on passe un bon moment en le regardant, c’est un énorme succès mondial et il faut vraiment respecter ça.
Je crois que les gens ont envie de consommer ce genre de choses, comme ils consomment des séries tv, parce que c’est distrayant et que, dans un quotidien parfois un peu morose, ça permet de s’évader un peu… Le sexe c’est vendeur ! Mais, on n’a pas attendu FiftyShades pour faire de la littérature érotique. Histoire d’O, pour prendre cet exemple, était un roman bien plus chaud que Fifty ! Pour moi c’est une vraie référence. Sans parler de Sade. Et plus récemment, de Beigbeder, Houllebecq ou Virginie Despentes qui, s’ils ne sont pas de la littérature érotique au sens propre, savent sans conteste exciter leur lectorat.
Le tome 2 Ladies Secret sera en librairie début juillet et le tome 3 en fin d’année…
Yasmina Jaafar