A la clôture de l’année 2020, la France recevait les premiers vaccins contre la maladie Covid-19. Alors que nous pensions voir la campagne vaccinale démarrer en trombe à l’aube de 2021, les débuts ont été plutôt lents et ont soulevé des questions sur la politique de vaccination française et sa mise en œuvre. La Ruche Média vous propose aujourd’hui quelques clés de compréhension de la stratégie en place.
Commençons par voir qui est impliqué dans la mise au point de la stratégie vaccinale. En France, c’est la Haute Autorité de Santé qui émet des recommandations en sa qualité d’autorité publique, scientifique et indépendante. Le ministère de la Santé assure, en tenant compte de ces avis et de ceux d’autres experts sollicités, la stratégie et le pilotage de la campagne vaccinale. Le tout s’inscrit bien sûr dans une collaboration interministérielle. Ensuite, il y a l’organisme Santé publique France, qui achète tout le matériel de vaccination pour le compte de l’État et qui en gère la logistique. Et puis, tout cela se coordonne sur le territoire avec différents intervenants : les Agences Régionales de Santé, les préfectures, les syndicats de professionnels de santé, les collectivités locales…
Et cela, rien qu’au niveau national. Mais ce n’est pas tout, puisque la politique sanitaire française dépend également des recommandations de l’Agence Européenne du médicament et des décisions de l’Union Européenne.
On comptabilise donc un paquet d’acteurs dans les processus décisionnels, pour parvenir au bout du compte à décliner une politique de vaccination.
En France, la volonté est celle de proposer à la population une vaccination gratuite, non obligatoire et sécuritaire. Et quand on parle de sécurité, on parle du vaccin lui-même, de l’acte de vaccination, mais aussi de l’information au patient, du recueil de son consentement éclairé, et d’un suivi strict.
La campagne s’est voulue volontairement très graduelle, d’abord en ciblant les populations les plus fragiles et les plus à risque, puis en élargissant peu à peu à d’autres publics. On a donc commencé par vacciner les personnes âgées ou en situation de handicap résidant en établissements collectifs, ainsi que les personnels soignants de plus de 50 ans à leur contact. Mais les débuts en France furent si progressifs que la situation a rendu le monde perplexe ! La France a donc dû rapidement revoir la cadence, avec pour objectif la vaccination de 2,5 millions de personnes d’ici la fin du mois de février 2021.
Toutefois, encore faut-il avoir les capacités logistiques d’accélérer le rythme. Sur le terrain, le ressenti est celui d’une organisation qui a du mal à se mettre en place, plombée par une lourdeur administrative, des luttes de pouvoir et une gestion territoriale disparate. En outre, l’Union Européenne, qui s’est positionnée plus tard que d’autres pays dans la commande des vaccins, va devoir accuser les retards de production et de livraison récemment annoncés par les laboratoires fabricants. Évidemment, la moindre difficulté dans la chaîne de production a un fort retentissement du fait de l’urgence de la situation sanitaire et de son caractère endémique. Bien que certaines institutions sanitaires aient évoqué la possibilité, à titre exceptionnel, de rallonger le délai d’injection entre les deux doses de vaccins nécessaires par personne, notre ministre de la Santé s’y est montré défavorable, en raison du manque de recul quant à une telle pratique.
A l’heure où de nouveaux variants gagnent du terrain, ce que la population du pays de Pasteur attend, c’est une transparence et une fluidité organisationnelle à chaque étape, avec une sécurisation de l’approvisionnement, une bonne gestion des stocks, de la conservation et de la répartition des doses, et un déroulement simple et efficace de la vaccination dans les lieux dédiés.