Au confins de la Vendée, de la Charente-Maritime et des Deux-Sèvres, se trouve le Marais Poitevin et la Venise verte. Un endroit où se mêle calme et douceur. Découverte :
Texte et photos : Yasmina Jaafar
La Venise verte est chargée d'histoire. Dès le XIème siècle, ce marais servait de cachette et d'endroit de fuite. Au siècle suivant, ce sont les moines - fabricants de bières au houblon, plante qui sévissait dans le marais - y prenaient leur quartier et décident de l'aménager durant plus de cinq siècles. Au XIVème siècle, elle accueillait le fret de marchandises. Les routes nouvelles ont réduit voire annulé ce type de commerce et ce n'est qu'au XXème siècle que ce lieu est devenu une manne touristique. Aujourd'hui, elle fascine toujours autant par son dédale de faussées, de conches, de rigoles ou encore de biefs. Les termes adéquat pour indiquer les différents canaux.
Ce parc extraordinaire n'est pas encore inscrit au patrimoine mondiale de l'UNESCO. Les négociations sont en cours malgré un premier refus. Difficile à croire quand on navigue en son sein tellement la magie opère. Le vent dans les arbres rappelle une cascade au loin, les innombrables peupliers, dit aussi, "langue de belle-mère" puisqu'ils font du bruit... caressent, les libellules vous accompagne durant le trajet en plate maraîchine. Cette barque à fond plat, d'où son appellation, accueille maximum 8 personnes pour un voyages allant de 30 minutes à 3h de mai à septembre.
La motorisation y est interdite pour justement préserver le parc, la faune et sa flore. Les remous risqueraient d'abimer la berge. C'est à l'aide d'une pigouille - la perche en bois - que le guide batelier - et non gondolier - avance dans les 8000 mètres de voies d'eau qui composent la Venise verte.
Quelques vaches et moutons forment les pâturages de la Venise verte. Seules les vaches à viandes - blondes d'Aquitaine et rousses - y sont élevées car les sols ne permettent pas des infrastructures lourdes. Les terrains restent non constructibles. Dans notre Venise française tout est fragile. Il est nécessaire de planter des frênes têtards, véritable emblème du marais poitevin, pour empêcher le terre de tomber et pour permettre aux iris d'eau, fleur jaune, de continuer leurs poussées au printemps. Cet arbre a des racines profondes et il est extrêmement tolérant à l'eau. Il permet donc d'éviter l'érosion naturelle des terrains et consolide les berges.
Le visiteur peut se laisser envelopper par ce camaïeu de vert et les parcelles de peupleraies. Il ne doit pas croire qu'il est seul car la nature autour de lui existe : les loutres et autres animaux partagent avec lui l'instant de sérénité. Un seul ennemie : le ragondin. Il est chassé tant que possible...
Le marais, la Venise verte et l'homme font donc bonne alliance pour conserver notre patrimoine quelque part au bord de l’Atlantique.