Ce week-end se déroulaient les Journées du patrimoine et dans le même temps le congrès du Parti socialiste à Villeurbanne (Rhône). Anne Hidalgo a choisi.
Une absence remarquée
La maire de Paris et candidate déclarée à l'élection présidentielle Anne Hidalgo a fait son choix : "Je suis là où je suis utile". C'est-à-dire dans la capitale. Le congrès du PS a donc été marqué par l’absence de la tête d'affiche.
Pourtant les délégués du Parti espéraient pouvoir traiter de sa candidature. Mais entre la promotion de son nouveau livre Une femme française, la Journée sans voitures et les Journées du patrimoine, l'édile avait à faire. Cela n'a pas empêché, lors de ce week-end politique, la réélection d'Olivier Faure au poste de Premier secrétaire.
Cette absence met la lumière sur les divisions. En effet, certains ténors du parti fustigent l'alliance Faure-Hidalgo. Dans le JDD du week-end passé ou dans un entretien accordé à Libération, Stéphane Le Foll, ancien ministre de François Hollande et maire du Mans puis François Rebsamen, maire de Dijon ne prennent aucun gant pour montrer leur agacement. Ils réservent encore leur soutien à la maire de Paris... Stéphane Le Foll décide même de présenter sa candidature à l'investiture du PS pour la présidentielle de 2022 et demande un débat : "Je propose toujours à Anne Hidalgo un débat à la télévision. Quand on revendique, comme elle et le PS, la démocratie participative et les votes citoyens, le minimum est d’accepter de débattre". Pendant qu'Anne Hidalgo refuse - soit par crainte d'augmenter les divisions, soit par crainte d'être piétinée par ses concurrents, toujours bons orateurs, Olivier Faure répond : "Je n’ai pas peur du débat, mais je souhaite un débat maîtrisé. Je ne suis pas pour qu’on organise une confrontation hypermédiatisée qui ne servira à rien, sinon à donner le sentiment qu’on se divise. Stéphane Le Foll et Jean-Christophe Cambadélis savent très bien qu’ils ne seront pas désignés. Ils veulent jouer placé".
Comme une ritournelle déjà maintes fois entendue, les acteurs du Parti socialiste se divisent. La candidate ne dépasse pas les 10% dans les sondages mais la fronde est bel et bien présente. L'union derrière elle n'est pas d'actualité. C'est cette petite guéguerre définitive qui abîme le clan "PS" depuis des lustres. Des leçons non apprises du passé. Pour pallier les rancœurs et les batailles intestines, Olivier Faure a pu - grâce à une réforme des statuts quelques temps avant le congrès - obtenir des primaires internes histoire de redonner de la voix aux militants. Le chef de la maison rose a développé son projet devant près d'un millier de délégués.
La gauche est empêchée depuis longtemps à cause de son goût pour la dispersion. Le PS, quant à lui, est empêché à cause de lui-même. Le bal des égos se poursuit comme si de rien n'était.
Le PS en désertion
Depuis 2017, le Parti socialiste est en déroute et vidé de ses pointures (M. Valls, JC Cambadélis et consorts). À tel point que personne n'a voulu en prendre la tête. C'est Olivier Faure qui, même sans charisme, en deviendra le chef. Ce Premier secrétaire ne souhaite plus ces divisions qui pourrissent les liens. Il a choisi la reconstruction et le travail pour une plus grande visibilité.
La gauche dans son ensemble ne représente que 30% des intentions de vote pour la prochaine échéance présidentielle. Seul Jean-Luc Mélenchon tire ses marrons du feu... et encore. Le président de La France Insoumise (LFI) s'en sort à peine. Son image, même auprès de ses sympathisants, est clairement écornée... soit... La gauche fût forte quelques années seulement depuis la 2ème Guerre et le PS en particulier n'arrive plus à raccrocher les wagons. Il suit la débâcle de la gauche. Il n'est plus en phase avec une société qui va de plus en plus vite et se droitisant un peu plus chaque mandat.
Les grandes batailles sociales ont été gagnées alors que reste-t-il à conquérir ? Une vision !
Sans un regard, sans une voie rien n'est possible. Peut-être même faudrait-il un renouveau, un changement de nom, somme toute symbolique, mais parfois les symboles sauvent. Né en 1971 au congrès d'Épinay, le Parti socialiste pourrait porter d'autres valeurs. Des valeurs profondes ancrées dans une société moderne. Des valeurs pour lesquelles le Parti de la rose lutterait plutôt que de lutter pour le pouvoir.
En effet, revoir ses fondamentaux ne serait pas vain. Le parti de gauche aurait intérêt à savoir pour qui et pour quoi il se bat encore, à se pencher sur la définition première du socialisme dans un monde droitisé et radicalisé. Peut-être également, répondre à cette question : la sociale-démocratie, qui s'effondre partout en Europe, est-elle morte ? Pour le moment, la pensée passe par les candidatures : "Je dépose ma candidature, avec un livre projet : renouer avec la France des Lumières. Je dis que la gauche a perdu sa boussole, je prône une politique éco-keynésienne. Est-ce qu’on peut en discuter ?" indique Stéphane Le Foll.
Des traumas...
Rappelons-le : François Hollande n'a pas été en mesure de se présenter et Benoît Hamon, qui vient de se retirer de la vie politique, n'avait pas dépassé 6%. S'ajoutent à cela, les traumatismes liés au retrait de Lionel Jospin en 2002 et la division au sein du parti qu'à engendré le vote européen de 2005.
Les éléphants, les ténors n'ont comme solution que de pousser leur réflexion autour des manquements et des erreurs d'aiguillage. La résilience est au bout du chemin. Si le célèbre parti ne veut pas finir marginalisé comme peut l'être aujourd'hui le PC alors "le changement, c'est maintenant" ou jamais.
Avec ou sans débat public, le vote aura lieu le 14 octobre.