Emmanuel Macron n'est pas encore candidat. S'il se murmure que le président de la République devrait se porter candidat autour du 26 février...
Personne ne sait et tout le monde suppute. Une chose est certaine, la situation géopolitique permet à Emmanuel Macron de jouer de son envergure et de sa stature le temps de cette séquence compliquée avec Vladimir Poutine. Même le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian partage son point de vue : "Nous sommes dans une situation très grave. Il ne faut pas avoir peur de le dire. Il vaut mieux être un chef d'État en exercice plutôt qu’un candidat en face de Vladimir Poutine. C'est maintenant au Président d'en juger...".
En effet, sur le terrain, l'escalade se poursuit, Joe Biden, le président américain, indique qu'une attaque est imminente et Emmanuel Macron doit s'entretenir au téléphone avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky aujourd’hui et avec Vladimir Poutine demain. La crise internationale est intense mais pendant ce temps-là...
Les tracts...
Les jeunes pour Macron s'organisent. Ils fournissent à la volée des tracts promouvant le bilan du chef de l'État. Des affiches qui laissent supposer que le futur candidat est prêt. Entre les slogans et les photos, chacun aura compris que la volonté d'entrer dans la danse est forte. Les mots mêlés aux images "On a très envie de vous" et "Avec vous chaque jour" montrent l'évolution. Emmanuel Macron visible soit de dos, soit de face, se dévoile un peu plus chaque jour... en effet.
Il s'agit maintenant de jouer la montre, de faire avec la crise ukrainienne qui l'accapare, faire avec des sondages qui placent une fois Valérie Pécresse à la deuxième position, une fois quatrième selon un sondage BVA pour RTL publié vendredi. À noter tout de même qu'avec Éric Zemmour et Marine Le Pen, tous les trois sont dans un mouchoir de poche allant de 15% à 16,5%. Si nous prenons en compte la marge d'erreur, il est impossible aujourd'hui de dire qui sera ou qui ne sera pas... L'électorat du président actuel est très hétérogène et indécis. À cinquante jour, tout peut encore bouger. Ces sondages ne sont qu'un instant de campagne.
Attendre, un risque...
Une campagne qui, en réalité, n'a pas encore commencé. Ces trois candidats s'écharpent sur des questions d'identité et d'immigration oubliant volontairement des thèmes fondamentaux tels que l'éducation, l'écologie ou la santé. Valérie Pécresse, après avoir tenté de draguer le vote extrême lors de son meeting raté au Zénith, vient de changer son fusil d'épaule. La forme et le fond ont été quelque peu modifiés pour attirer aussi le vote Fillon... malheureusement omis dimanche dernier. Mais est-ce suffisant pour rattraper le naufrage dominical ? Pas sûr. Le mal est fait et tous onte pu constater le manque de regard et l'absence de colonne vertébral de la candidate LR. Éric Zemmour a, quant à lui, le vent en poupe valorisé par un meeting bien rodé et bénéficiant de la faiblesse de ses concurrentes et des fuites des cadres du RN. Marion Maréchal pourrait rejoindre en mars elle-aussi Éric Zemmour ce qui finira d'achever une Marine Le Pen discrète trop souvent changeante. Qui en sortira gagnant ?
En tout cas, les débats sérieux ne pourront avoir lieu que lorsque tous les candidats seront connus. Alors attendre encore et encore avant de s'avancer, profite à Emmanuel Macron parce qu'il se tient à distance de ces thèmes nauséabonds vantés par des candidats soit xénophobes soit maladroitement opportunistes. Le président permettrait peut être de recentrer le débat en mettant en avant des sujets plus fédérateurs. De la même manière que Zemmour a donné le ton des discussions depuis octobre, Emmanuel Macron pourra lui aussi imposer d'autres conversations et agréger à lui tous les français fatigués de ces obsessions identitaires. Et puisque l’essentiel est ailleurs...
D'autres thèmes...
Quarante groupes au sein de Larem travaillent à édifier un programme qui se tienne mais nous ne savons encore rien de ce qui pourrait s'y trouver. Le futur candidat devrait choisir de poser sur la table des sujets qui évoqueraient l'avenir. Il serait dangereux de miser sur la continuité. Au contraire, Emmanuel Macron aurait plus à gagner en se déclarant en faveur d'une meilleure école, d'une refonte du système de santé et d'une réflexion claire sur le pouvoir d’achat. Il doit rompre avec le quinquennat passé pour incarner une vision, un projet qui comporteraient entre autres la fameuse reforme des institutions jamais conduite... La démocratie est en jeu. Il est important de réaffirmer cette notion et de rappeler que la démocratie est un bien commun, un lien, une chance.
L'occasion lui est donnée de moderniser la politique et la vie politique. Ce second mandat devrait être celui du changement, mais cette fois réel. Loin du slogan.