Michèle Fitoussi - My Beautiful Seventies : "L’idée générale, c’est de donner la pêche et de rester positif !"

Par
Yasmina Jaafar
28 mai 2024

Michèle Fitoussi lance la newsletter My Beautiful Seventies sur la plateforme Kessel Média. La journaliste et écrivaine pose la question : Comment vivre son vieillissement ? Sans magnifier l'âge, ni convaincre au jeunisme, Michèle Fitoussi donne la parole à des personnalités heureuses de se confier sur cette belle étape de la vie.

Rencontre laruchemedia :

Comment est née votre newsletter My Beautiful Seventies ? Quel constat ?

Parce qu’un ami, Fabrice Gardel, m’a présenté Adrien Labastire le fondateur de Kessel Média, une plate forme qui édite et publie des newsletters, je me suis demandé ce que j’aurais envie de raconter aujourd’hui après avoir quitté ELLE et le journalisme, il y a une dizaine d’années. La réponse m’est venue presque immédiatement avec le titre : My Beautiful Seventies ! Raconter ce que c’est d’être un septuagénaire, qui a eu vingt ans dans les années 70, et qui ne veut pas se laisser vieillir. Comme moi, qui vais avoir 70 ans en novembre. Dans cette newsletter, il n’est pas question de jeunisme, mais d’aller interroger des gens qui ont plus ou moins mon âge (à la rentrée j’interrogerai des gens plus âgés), et leur demander comment ils vivent le vieillissement, ce qui a changé ou pas, ce qu’ils font en ce moment, comment ils se voient plus tard, ce qu’ils veulent transmettre.

----> Retrouver l'entretien de Fabrice Gardel sur Simon Leys ici

J’ai choisi des personnalités, au début, pour attirer les lecteurs, car c’est intéressant de se projeter sur des modèles qu’on connait et qui vous accompagnent depuis longtemps. J’ai ainsi invité Mercedes Erra, Nathalie Rykiel, Pierre Gagnaire, Charlotte de Turckheim. Tous ont une réflexion intéressante sur leur âge et leur façon d’inventer leur vieillesse car notre génération entre dans un territoire inconnu, pas encore expérimenté. Nous, les boomers, ne sommes et ne serons pas les mêmes  "vieux" que nos parents ou nos grands-parents. Il y a aussi un édito plutôt personnel, et des petites rubriques avec des liens hypertexte pour découvrir des articles sur différents sujets se rapportant à l’âge, et qui m’ont intéressée. L’idée générale c’est de donner la pêche et de rester positif ! Du punch et des punchlines !

Après une belle carrière dans les pages du magazine ELLE en tant qu'éditorialiste et grand reporter, quel regard portez-vous sur la représentativité des femmes de plus de 50, 60 et 70 ans dans la presse, le cinéma et à la télévision ? 

Ça s’est beaucoup amélioré. De même qu’en politique. Je suis toujours enchantée quand je constate que sur un plateau de télévision, on trouve souvent pas mal de femmes et pas toujours jeunes et sémillantes. Dans ces métiers la prime à l’expérience fonctionne aussi. Et depuis #metoo, les choses ont bougé. Quand on voit qu’à Cannes, Jane Fonda, Meryl Streep, Catherine Deneuve, ont fait le show, c’est formidable. Après, on est encore loin d’une vraie parité. L’âgisme touche beaucoup plus les femmes que les hommes et en général et dans ces métiers. Parce que quand on est une femme, il faut encore se battre pour tout… Alors une femme « âgée ». Mais il y a aussi des médias digitaux comme Visible crée par Florence Dauchez, qui essaient de remédier à cette invisibilité.

Qui est votre prochain invité ?

Je préfère ne pas parler du prochain, c’est toujours une surprise pour mes lecteurs. La dernière a été Charlotte de Turckheim, qui est positive, enthousiaste, pêchue, mais avec une réflexion intelligente et lucide sur l’âge, la transmission, l’état du monde.

L'âge peut être un tabou tenace. Vos premiers invités ont-ils été faciles à convaincre ? Vous ont-ils surpris ? 

Ce qui m’a étonnée c’est la facilité avec laquelle ils ont tous accepté tout de suite. C’était une grande marque de confiance. Et un lâcher prise sur l’âge qui m’a agréablement surprise, des hommes comme des femmes. J’en connaissais certains, d’autres ont été sollicités par des amis ou des proches communs. Et certains veulent en être après m’avoir lue. Je publie encore deux newsletters jusqu’à la fin juin et je reprendrai en septembre.

La nostalgie est-elle un piège ? Vous vivez avec dynamisme vos 70 ans, sans rétroviseur handicapant ? 

Je ne suis pas nostalgique au sens où je regrette ma jeunesse. Je vis résolument dans le présent et même dans l’avenir. Je suis nostalgique de certaines choses comme la petite enfance de mes enfants que je revis avec bonheur avec mes deux petits-fils. C’est très fugitif, une expression que je reconnais, une boucle de cheveux, une petite main dans la mienne. Dans mon dernier livre, La Famille de Pantin consacré à ma famille juive de Tunisie, j’écris que je suis une nostalgique de la nostalgie, celle des lieux que je n’ai pas connus, des moments que je n’ai pas vécus. C’est plus ce que je n’ai pas fait et ne ferai jamais qui me donne parfois le spleen, mais là encore c’est fugitif. Et bien sûr, les disparus me manquent, comme ma mère décédée il y a a une dizaine d’années.

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Productrice, journaliste, fondatrice du site laruchemedia.com et de la société de production LA RUCHE MEDIA Prod, j'ai une tendresse particulière pour la liberté et l'esprit critique. 

Et puisque la liberté n’est possible que s’il y a accès à l’instruction, il faut du temps, des instants et de la nuance pour accéder à ce savoir.
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