À Grésy-sur-Aix, entre les lacs du Bourget et d’Annecy, le Château Brachet orne la ville avec éclat. Jean-Michel Belin, l'heureux propriétaire de l'endroit inoubliable, est un homme passionné. Il a tout fait pour rendre au château son âme d'antan.
La cheffe du lieu, Élodie Li, Franco-chinoise, née à Seattle, vient de passer une semaine extraordinaire aux cuisines de l'émission C À VOUS - FRANCE 5. L'occasion de revenir sur une expérience et sur son travail.
Belin-Li ou le récit d'histoires pas comme les autres :
Historique
Monsieur Léon Brachet, premier adjoint au Maire, surnommé «le médecin des rois» est un médecin réputé pour la qualité de ses soins. Plusieurs grandes célébrités et très couronnées ont jonché le sol de sa demeure. Né à Grésy-sur-Aix en 1840, il quitte la ville à ses 18 ans pour Turin, puis Montpellier étudier la médecine. Docteur à Aix-les-Bains, il revient suite au décès de son frère ainé disparu sans descendance. Le château est désormais à lui ! En 1887, la comtesse burlesque et grande tante de Virginia Woolf, Lady Virginia Summers loue l'édifice dix ans ! C'est au cours de ces années festives que le château voit défiler artistes, aristocrates et couronnes... pour des cures que le Dr Brachet dirigeait. Jean-Michel Belin, compteur fabuleux accorde à chaque chambre un hommage à la hauteur de cette histoire : "J'ai réalisé un rêve d'enfant car je voulais depuis longtemps acquérir un hôtel charmant depuis mon voyage de noces dans un hôtel minuscule tenu par un frère et une sœur sur l'île Harris en Écosse".
2011, Le temps du renouveau
Le nouveau propriétaire venait de passer dix ans dans le secteur de l'immobilier. Il était temps pour lui de passer à autre chose : "Je suis tombé sur cette annonce qui stipulait que les derniers habitants du château Brachet dataient de 1933". Depuis cette époque, la maison servait à minima pour des vacances d'été. "Ma femme et moi avons craqué pour cette bâtisse restée dans son jus. On s'est lancé. Heureusement que je ne savais pas exactement ce qui m'attendait sinon j'aurais certainement renoncé".
En effet, il a fallu dix pour créer un lieu hors du temps et du commun, niché au cœur d’un parc de 6 hectares. Le château Brachet est unique par son histoire, sa façade, ses chambres, sa vaisselle, son mobilier, ses jardins, sa piscine extérieure de 18 mètres de long, ses terrains de Tennis et Padel, Pétanque, Croquet, Badminton et Volley-ball, Spa hammam & sauna, ainsi qu'un espace d’entraînement «Executive Golf» sur plus d’un hectare...
Chaque objet est chiné en salle de ventes, sur internet, dans les combles du château... par le propriétaire. Les 15 chambres et le Pavillon dépendant gardent l'empreinte de ceux qui y ont séjourné : le prince Albert, la reine Victoria, «Sissi» l’impératrice d’Autriche, l'actrice Sarah Bernhardt, le roi Georges Ier, les frères Coquelin...
Le 22 mai 2021 l'ouverture est effective. Cet homme habitué à l'univers de l'immobilier fait partie des premiers à développer la location meublée mais l'hôtellerie est une matière nouvelle. Il a dû tout apprendre : "Je me suis laissé guider par les lieux". Des lieux qui racontent une histoire. Les couloirs et les chambres sont agrémentés de vitrines remplies d'archives. Entre objets anciens, coupures de journaux et photos d'époque, impossible de ressortir de ce séjour sans se sentir renseigné. Mr Belin offre une véritable immersion au cœur du XIXe siècle. Nous pourrions même insister en annonçant que c'est le Château Brachet qui a choisi son propriétaire.
La jonction semble être une évidence ! Une alliance parfaite quasi mystique entre l'investisseur au grand cœur Jean-Michel et le Dr Léon. Belin a tout lu sur Brachet, des livres sur cette époque, en passant par de longues conversations avec ceux capables de nourrir sa curiosité. D'ailleurs, le Bar aux 4000 livres, anciens situé au premier étage, est également une bibliothèque foisonnante. En libre accès, boissons, ouvrages rares et piano à queue apportent son lot de quiétude et de savoirs. Pour ce faire, Jean-Michel Belin a su s'entourer d'un personnel efficace : "J'ai embauché trois étudiants en Master d'histoire contemporaine à l'université de Grenoble. Ils nous ont aidés à mettre en musique toute la décoration."
Chaque vitrine est en passe de posséder un QR Code. Un clic et des informations ! C'est inédit, inventif et créatif ! La réussite réside dans la mise en scène de ces instructions. Jamais le client ne se sent au musée. Rien n'est lourd ni pesant, tout est ludique et interactif. L'expérience est à son apogée.
Comme à la maison
Le Château Brachet est en somme la maison de Jean-Michel Belin. Il nous y reçoit à la manière d'un dimanche à la campagne, chez lui, autour d'un gâteau de famille. Il fait partie des rares professionnels de l'hôtellerie à investir dans le linge de maison comme un particulier prendrait soin de ses draps et serviettes. Chaque cuillère, couteau, fourchette d'argent a été achetés en brocante. Un service dépareillé qui complète avec chic l'ambiance générale : "J'ai eu la chance de beaucoup voyager. Calepin à la main, je prenais des notes sur tout." Voilà le secret d'un homme déterminé à bien recevoir dans un environnement absolument pas standardisé.
Le professionnel a le sens du détail. Les recoins les plus infimes sont savamment exploités. Comme à la maison, donc, nous posons tracas et quotidien dès le perron passé et il reste en nous le souvenir d'un château aux antipodes de ces parcours instagramables. Place à l'authenticité !
ENTRETIEN AVEC La cheffe multiculturelle Éloïse Li
Vous êtes au croisement de plusieurs origines. Comment cela se traduit dans votre cuisine ?
Je pense que cela se manifeste de plusieurs manières, souvent de façon subconsciente. Dans ma carte, vous trouverez un mélange de la cuisine gastronomique française que j'ai apprise (et continue à apprendre) et une cuisine mondiale inspirée des souvenirs qui m'ont le plus marqué. Nous travaillons avec énormément d'épices, des mortiers, des paniers en bambou. Réconcilier la cuisine de deux cultures est très fun, car on ne sait souvent pas à quoi s'attendre. Du coup, mes origines se traduisent dans le choix des produits, le visuel, la vaisselle, tout en fait vraiment partie.
Quand est née votre vocation ? Et un mot sur vos mentors et vos lieux professionnels passés ?
Ma vocation est née durant mes études universitaires, où j'ai décidé un jour que je voulais faire de la cuisine, alors que je n'y connaissais absolument rien. Je me souviens très bien de mon premier jour en cuisine : tout était tellement rapide que je n'avais rien compris, je courais dans tous les sens et je ne sentais plus mes jambes. Mais j'ai adoré chaque seconde. Je me suis donc investi à fond et j'ai eu la chance d'avoir d'excellents chefs qui m'ont donné ma chance. Plusieurs d'entre eux ont vraiment pris le temps de me former, même en étoile ou on a souvent pas énormément de temps à investir. Je suis très reconnaissante envers ces chefs-là.
À 29 ans et absolument autodidacte, vous dirigez la cuisine du fantastique château Brachet. Racontez-nous cette nouvelle expérience ?
Il y a plusieurs aspects de ce projet qui m'ont interpellé dès le début. Monsieur Belin, le patron, me laisse une liberté créative absolue sur les cartes, ce qui me permet d'évoluer dans ma cuisine. Le château a un charme qui nous fait sentir un peu hors du monde. Autant pour nos invités que pour les équipes. Comme nous ne sommes pas dans un centre-ville, nous avons une clientèle très attentionnée envers nous et vice versa. J'apprécie énormément ce contact avec les clients, surtout dans un projet en évolution. On a l'impression de grandir avec eux. Je suis entourée de belles équipes que je respecte énormément, et comme dans toute nouvelle expérience, il y a beaucoup à apprendre, mais je sais que je suis bien soutenue.
Quel souvenir gardez-vous de votre semaine dans l'émission C À VOUS ?
Franchement, l'idée me stressait énormément, car c'était une première pour moi. Cependant, les équipes, le personnel et les invités étaient tous tellement gentils que j'en garderai un excellent souvenir. C'est aussi enrichissant de voir comment fonctionnent les autres métiers, cela développe une compréhension et un respect pour leur travail.
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La Riviera des Alpes peut compter sur une cheffe inventive. Éloïse Li, Franco-Chinoise, née à Seattle, aux États-Unis. Une école de business finance en poche, elle est aujourd'hui à la tête du restaurant gastronomique et bistronomique du Château Brachet. Jean-Michel Belin dit d'elle : "Éloïse Li a une énergie de folie, elle est pleine de fougue. Elle a un énorme talent et de grandes ambitions. Sa formation business fait que nous pouvons parler chiffres ensemble. C'est une magnifique rencontre qui lie l'émotion et le pragmatisme économique".
Nous avons rencontré cette perle rare :
Maureen Munnia, Cheffe pâtissière
Éloïse Li est accompagnée de la cheffe pâtissière Maureen Munnia depuis le 27 novembre 2025. À peine 29 ans et un CV inouï : un passage à la présidence de l'Assemblée Nationale à Paris, au Cap Eden Roc, Serge Serain à Nice, le Fonscolombe à Aix-en-Provence... Depuis sa plus tendre enfance, passée aux Antilles, la pâtissière souhaite devenir cheffe. C'est chose faite grâce à Mr Belin : "Je suis dans un bel établissement où je peux m'accomplir et représenter les desserts qui ont jalonnés mon enfance. Ils traduisent mes souvenirs et mes émotions". Maureen est riche d'un vécu aux origines multiples. Ses créations en témoignent.
Agathe à l'accueil, Mathieu le sommelier... toute l'équipe est dynamique, jeune et consciencieuse. Mathieu, 29 ans également, prône, d'ailleurs, une cuisine "précise et décontractée" et ajoute "Ce n'est pas parce que on est jeune qu'on fait moins bien".
Le restaurant est rallongé d'une verrière fer et métal type Eiffel fabriquée par la société du patrimoine vivant Serres et Ferronnieries d'autant. Un jardin d'hiver d'exception en dessous duquel, nous pouvons déguster un déjeuner à 39e entrée/plat/dessert et boire la cuvée Léon, un vin rouge léger produit sur place. L'occasion de passé un moment serein dans un cadre idyllique pensé par un investisseur passionné.
Rien ne va arrêter le développement du Château Brachet. De nouveaux espaces vont voir le jour...
À suivre...
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